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Des investissements en Afrique pourraient améliorer les rendements des caisses de pensions suisses

Au cours de ce premier semestre qui s’achève, plusieurs caisses/fonds de pensions, compagnies d’assurances et fonds de compensation de l’assurance-vieillesse, survivants et invalidité ont publié leurs rapports annuels 2015. A la lecture de certains de ces rapports, l’élément le plus frappant est que le rendement du portefeuille de ces fonds de pensions et compagnies d’assurances sur l’année 2015 est soit négatif, et au mieux tourne autour de 2%. Il faut dire que l’époque des taux de rendement de 7 voire 10% semble révolue.

Ces bas taux de rendement en 2015 s’expliquent principalement par les facteurs suivants :

  • Suppression du taux plancher EUR/CHF,
  • Introduction du taux d’intérêt négatif par la banque nationale suisse,
  • Rendements très faibles voire négatifs des titres porteurs d’intérêts (obligations, prêts, etc.),
  • Absence de contribution des placements en actions,
  • Accroissement de la longévité des rentiers,
  • Dévaluation de la monnaie chinoise suite aux mesures prises par la banque centrale chinoise pour redonner du souffle à son économie et stimuler ses exportations,
  • Crises récurrentes dans la zone euro et les craintes de la perspective d’un BREXIT,
  • Essoufflement des marchés émergents liés aux incertitudes macro-économiques et politiques actuelles dans des pays comme le Brésil,
  • Baisse drastique des prix des matières premières et plus particulièrement du pétrole.

Les perspectives d’amélioration des principaux facteurs ci-dessus sur les années à venir ne sont pas sans poser des défis importants pour les investisseurs privés ou institutionnels. D’autant plus que pour les fonds de pensions, le taux d’intérêt technique de référence adapté par la Chambre suisse des experts en caisses de pensions est de 2.75% (le taux d’intérêt technique est le taux minimum qui doit être atteint pour assurer le paiement des rentes actuelles et à venir sans subventionnement des salariés actifs). Ce taux était de 3% et malgré cette baisse à 2.75% et au regard des rendements actuels et de la conjoncture internationale, reste trop élevé. D’autre part, l’ordonnance du conseil fédéral fixait le taux d’intérêt minimum sur les avoirs de vieillesses à 1.75% pour 2015. Taux supérieur au rendement du portefeuille de plusieurs de nos caisses de pensions. Pour maintenir leur capacité à servir les rentes aux rentiers de nos caisses de pensions, le conseil fédéral propose une réforme de la « prévoyance vieillesse 2020 » dans laquelle le taux de conversion (Le taux de conversion est le taux appliqué au capital de vieillesse pour déterminer le montant de la rente viagère annuelle) minimal dans la prévoyance professionnelle obligatoire sera adapté à l’évolution de l’espérance de vie et des rendements du capital: ce taux de conversion minimal sera abaissé de 0,2 point par année sur une période de quatre ans pour être ramené à 6,0 %.

A la lecture des rapports de l’année 2015 sur les placements de nos fonds de pensions et compagnies d’assurances, on peut aussi constater que leurs politiques de placement sont très similaires. Ainsi, les destinations favorites de ces fonds sont : USA, Grande-Bretagne, Allemagne, France. Dans le compartiment des investissements dans les pays émergents, les destinations favorites sont : Asie (plus de 70%), Europe, Amérique centrale et Amérique du Sud, puis vient très loin derrière … l’Afrique avec  2 à 5% de l’enveloppe réservée aux pays émergents.

Cette uniformité des politiques d’investissements de nos caisses de pensions et compagnies d’assurances ne favorise pas l’atteinte des résultats souhaités et au final, leurs performances sont similaires.

Il est donc essentiel qu’en ces temps de marché traditionnel difficile , que les investisseurs privés et institutionnels suisses brisent le tabou de l’Afrique, terre des guerres, de la dictature, de la corruption, des maladies, etc. et recherchent une stratégie nouvelle pour investir leurs capitaux sous gestion de façon sûre par le biais de partenaires domestiques, installés sur le continent africain, capables de collecter et fournir des informations, rechercher et présenter des opportunités de placement ayant des niveaux de rendement intéressant.

Certains fonds d’investissements suisses le font déjà avec succès et sont présents en Afrique avec des rendements largement au dessus de ceux réalisés par nos caisses de pensions et compagnies d’assurances. La particularité de ces fonds suisses est qu’ils sont pour la plupart présent sur le segment de la microfinance. On peut citer des fonds comme Symbotics dirigé par M. Roland Domincé, BlueOrchard Finance dirigé par M. Peter Fanconi ou Impact Finance Management de M. Cédric Lombard. Or l’Afrique a des besoins d’investissements énormes notamment dans des secteurs tels que la banque, l’assurance, le BTP, les télécoms, la formation supérieure (hôtellerie, ingénierie, médecine, etc.), le data-management et la sécurisation des documents (permis de conduire, pièces d’identité, diplômes, documents d’état civil, etc.), l’agro-industrie, les transports publics, le médical (cliniques, hôpitaux, fabrication de prothèses, etc.), l’eau, l’énergie, l’exploitation des chaînes de distribution et enfin le secteur pharmaceutique. Même si certains de ces projets sont portés par la Etats africains dans le cadre de partenariat public-privé (PPP), la grande majorité des projets sont portés par les entrepreneurs privés.

Malheureusement en Suisse, les investisseurs (privés et institutionnels) considèrent les opportunités qu’offrent l’Afrique comme étant marginales (hors secteur minier et matières premières) ou estime un niveau de risque qui est très souvent déconnecté de la réalité.  Pourtant le secteur du private equity et du venture capital s’est notablement amélioré et organisé ces quinze dernières années avec des organismes faitiers comme The African Private Equity and Venture Capital Association (www.avca-africa.org) et Private Equity Africa (www.privateequityafrica.com) tous basés à Londres.

Le société française Ipsos spécialisée dans les sondages et les enquêtes d’opinions a effectué une étude (rapport rendu public le 18 Juin 2016) pour le Groupe français CFAO spécialisé dans la distribution des biens de consommation en Afrique, qui indique que la classe moyenne africaine (la classe moyenne basse constituée des ménages dont le revenu est compris entre 12 et 25 dollars US par jour et la classe moyenne haute dont le revenu est compris entre 25 et 50 dollars US par jour) représente 13% de la population africaine soit près de 143 millions d’Africains. Si l’on tient plutôt compte de la définition de la classe moyenne selon le référentiel de la Banque Africaine de Développement (BAD), qui considère que l’africain de la classe moyenne est celui dont le revenu journalier est compris entre 2.2 et 20 Dollars US, la classe moyenne atteint 370 millions d’habitants soit près de 34% de la population africaine. Dans l’un ou dans l’autre cas, on peut dire que l’Afrique a aujourd’hui un socle de population de la classe moyenne capable de tirer la consommation de biens et de services vers le haut. Il n’y a qu’à voir les succès récents dans la téléphonie mobile, le mobile money, les centres commerciaux comme le West Hills Mall et le Accra Mall au Ghana, l’Hypermarché Erevan à Cotonou au Bénin, The Mall of Africa en Afrique du Sud, PlaYce Marcory d'Abidjan et l’ouverture dans les cinq prochaines années des Hypermarchés Carrefour (entreprise commune du géant français de la distribution Carrefour et de CFAO) dans sept pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale, auxquels viendront s’y ajouter les supermarchés U et Casino.

Les investisseurs suisses qui croient encore en la capacité de l’Afrique de se développer doivent créer sans plus attendre un fonds d’investissements généraliste, exclusivement destiné au continent africain sur le modèle des fonds suisses de microfinance tels Symbotics et BlueOrchard Finance ou du fonds d’investissement américain ECP Emerging Capital Partners (www.ecpinvestments.com) qui est devenu en  quinze ans l’un des plus importants fonds d’investissements spécialisé sur l’Afrique, avec plus de 2 milliards de dollars US de fonds levés auprès des institutionnels et fonds privés, réalisé des investissements dans 44 pays africains, avec une présence physique dans les grands pôles géographiques comme Abidjan, Douala, Johannesburg,  Lagos, Nairobi, Tunis, en plus des sièges de Paris et Washington.

La création d’un tel fonds en Suisse pourrait servir de véhicule de financement pour les fonds institutionnels ou privés qui ont une mauvaise connaissance de l’Afrique. Les investissements pourraient se faire directement dans les entreprises locales (prêts, obligations, actions) ou via des fonds d’investissement locaux. Les rendements y sont plus élevés que sur les marchés traditionnels (Europe- USA) même en tenant compte de l’inflation suisse des 5 voire 7 dernières années. En outre, plusieurs pays africains ont une monnaie commune (par exemple dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et ceux de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) c’est quatorze pays qui se partagent des monnaies ayant une parité fixe avec l’EURO) ce qui réduit les risques de change et la volatilité monétaire.  Dans plusieurs pays africains, les projections du PIB pour ces prochaines années varient entre 3 à plus 8% pour un pays comme la Côte d’Ivoire par exemple.

La concentration des ressources dans un tel fonds permettrait aussi de faire des économies notamment sur les coûts de structure et de gestion et surtout permettrait au fonds d’être actif sur les opportunités nécessitant des investissements élevés.

Il est donc raisonnable de penser que l’Afrique offre aujourd’hui une fenêtre d’opportunités aux investisseurs, et j’invite nos gestionnaires de fonds suisses à intégrer l’Afrique dans leur stratégie d’investissement et de diversification de leur portefeuille.

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