La Banque mondiale suspend un prêt de 90 millions $ à l'Ouganda en raison d’une loi anti-gay

(Agence Ecofin) - La Banque mondiale a suspendu, le 27 février, le décaissement d'un prêt de 90 millions de dollars destiné à améliorer le système de santé en Ouganda après la promulgation par le président ougandais Yoweri Museveni (photo) d’une loi controversée durcissant la répression de l’homosexualité. «Nous avons reporté le projet pour mener de nouvelles consultations et s'assurer que ses objectifs de développement ne seront pas négativement affectés par l'entrée en vigueur de cette nouvelle loi», a déclaré l’institution dans un e-mail. Le prêt qui devait être approuvé le 27 février devait servir à financer un projet portant sur la santé maternelle, les soins aux nouveau-nés et le planning familial.

Le président Museveni a promulgué le 24 février une loi qui interdit notamment toute promotion de l’homosexualité et rend obligatoire la dénonciation de quiconque s’affichant homosexuel. Les relations homosexuelles sont déjà passibles de la prison à vie en Ouganda. La loi anti-gay adoptée par l’Ouganda a suscité des critiques virulentes de la part des défenseurs des droits de l’homme et des principaux partenaires occidentaux de ce pays d’Afrique de l’Est, même si ses dispositions les plus controversées, prévoyant la peine de mort en cas de récidive ou de rapport avec un mineur ou en se sachant porteur du virus du sida, ont été abandonnées.

La suspension de ce prêt par la Banque mondiale fait suite aux décisions de la Norvège et du Danemark de geler des dons à l'Ouganda à cause de la loi anti-gay. D'autres pays donateurs ont menacé de leur emboîter le pas. Les Etats-Unis, qui fournissent une aide annuelle de 400 millions de dollars à Kampala, ont annoncé réexaminer leurs relations. Le président ougandais a estimé, le 24 février, que les bailleurs de fonds qui ne veulent plus aider son pays pouvaient «garder leur aide».