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Geftarail affirme détenir des droits sur le projet boucle ferroviaire ouest-africaine et attaque Bolloré en justice

  • Date de création: 12 novembre 2015 19:01

(Agence Ecofin) - Le projet de boucle ferroviaire ouest-africaine lancé récemment par le groupe français Bolloré risque de dérailler. Et pour cause : la société d’ingénierie française Geftarail a déposé, le 5 novembre, une requête devant la Cour Internationale d’Arbitrage de la Chambre de Commerce Internationale pour demander l’arrêt immédiat des travaux, qui ont démarré au Niger et au Bénin, selon une information révélée le 12 novembre par l’hebdomadaire  économique français Challenges.

Cette société créée au milieu des années 1990 par l’expert ferroviaire Michel Bosio précise  qu’elle avait présenté il y a une vingtaine un projet de boucle d’interconnexions ferroviaires reliant Cotonou à Ouagadougou via Niamey. La ligne Ouagadougou - Abidjan existe déjà. Elle est opérée par Bolloré depuis 1994. Ce projet était fortement soutenu par l’ex Premier Ministre Michel Rocard (photo).

Geftarail, qui revendique ainsi la «paternité» du projet de la boucle ferroviaire ouest-africaine,  a aussi révélé avoir signé un accord avec quatre Etats africains pour le mettre en œuvre, selon Challenges.

La requête déposée par le cabinet d’avocats parisien Betto Seraglini précise, toujours d’après l’hebdomadaire, que le Bénin, le Burkina Faso et le Niger, rejoints ensuite par le Togo, ont confié à Geftarail, qui «la mise en place d’une structure juridique concessionnaire chargée de la réalisation et de l’exploitation du réseau ferroviaire interconnecté». En 2002, Geftarail et ces mêmes Etats africains ont créé Africarail, contrôlée à 90% par la société française, une entité qui a obtenu «le droit de construire le long du tracé de l’axe ferroviaire entre les villes de Kaya (Burkina Faso), Niamey (Niger) et Parakou (Bénin)».

Africarail a ensuite cherché à trouver les fonds nécessaires à la construction, évalués à 10 milliards de dollars. C’est ainsi qu’un comité de pilotage «ferroviaire et minier» présidé par Michel Rocard et associant des groupes français, dont Bolloré, a été a été créé à Bercy pour réunir les fonds. Mais ce comité n’a pas pu mobiliser les financements souhaités.

Quatre ans plus tard, Vincent Bolloré vient de lancer seul ce projet de boucle ferroviaire qui traversera cinq pays: la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin et le Togo. Dans le cadre de ce projet, le groupe Bolloré prévoit de rénover des lignes existantes et d'en construire des nouvelles, comme en particulier entre le Niger et le Burkina Faso et entre le Niger et le Bénin.

Dans leur requête, les plaignants dénoncent la décision du Niger et du Bénin «d’autoriser le groupe Bolloré à construire et exploiter une partie du chemin de fer du projet Africarail, en violation des droits concédés» et demandent la suspension des travaux.

«Vincent Bolloré a usurpé les droits de propriété intellectuelle. Il viole des accords qui ont été passés avec les Etats africains. C’est un délit», a confié Miche Rocard à Challenges.

Du côté de Bolloré, on précise que  le groupe n’est pas concerné par les engagements pris auparavant par les Etats africains, tout en rappelant que la boucle ferroviaire ouest-africaine est à la base un projet colonial qui date de 1904.

«Si des engagements ont été pris préalablement par les Etats, le Groupe Bolloré n’est pas directement concerné  par cette procédure», souligne un porte-parole du groupe, cité par Challenges.

Le groupe de l’industriel Breton Vincent Bolloré met aussi en avant sa capacité à mobiliser les fonds nécessaires au lancement du projet. «C'est un projet majeur en Afrique de l'Ouest. Historiquement, il date de 1904, une partie de la boucle ferroviaire a été réalisée et s'est arrêtée dans les années 30. Il y a eu jusqu'alors beaucoup d’études portant sur les projets de réhabilitation du réseau existant et la construction de nouveaux tronçons, mais elles n’ont  jamais débouché. Chez Bolloré, nous avons montré que l’on fait les choses et surtout on investit sur fonds propres»,  précise Ange Mancini, conseiller de Vincent Bolloré, qui supervise la construction de la boucle ferroviaire.

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