(Agence Ecofin) - La campagne cotonnière 2014-2015 a vu la production de 710 000 tonnes de coton au Burkina Faso. Alors que cette performance constitue un nouveau record pour le pays après la campagne de 2006-2007, les autorités ont annoncé qu’elles réduiront les superficies consacrées à la culture du coton transgénique durant la nouvelle campagne. Seulement 55% des superficies cotonnières totales seront dédiées au coton OGM cette fois-ci, contre une moyenne tournant autour de 73% en temps normal.
Se confiant à RFI, Ali Compaoré qui dirige la société cotonnière de Gourma explique les dessous de la décision: « Nous avons constaté depuis la campagne 2010/2011 un raccourcissement de la fibre burkinabè. Ceci pose à la fois un problème commercial et un problème de réputation pour notre coton. C'est pour cela qu'avec le promoteur nous avons décidé de nous donner un délai de trois ans pour pouvoir corriger ce phénomène avant de pouvoir revenir vers ce coton. »
De son côté, Karim Traoré président de l’Union nationale des producteurs de coton, a exprimé ses inquiétudes quant à ce choix. Le dirigeant a déclaré que cette option allait entraîner un supplément de travail aux producteurs notamment en ce qui concerne le processus de traitement de la plante. En outre, il faudra désormais former les jeunes à ces anciennes méthodes de traitement qu’ils ne maîtrisaient pas forcément.
Doit-on voir dans cette décision le premier raté d’une mécanique qui fait des envieux sur le continent ? Le pays des hommes intègres est l’une des rares nations africaines à avoir fait l’option des organismes génétiquement modifiés (OGM) en dépit des critiques.
Quelques années plus tard, la position de leader africain de l’or blanc qu’il s’est taillé semble la preuve éclatante de la pertinence de cette décision. A tel point qu’au terme d’une visite de travail au Burkina Faso, une délégation de producteurs togolais s’est dite fascinée par ce qu’elle y avait vu. « Honnêtement, 80% de mes doutes ont été élagués. Nous avons été émerveillés et nous sommes en train de poursuivre les échanges pour comprendre ce que nous pouvons faire pour nous inspirer du modèle burkinabè », avait alors déclaré Tchidah Boziroh qui conduisait cette délégation.
Aujourd’hui, le pays vise plus haut en termes de production et caresse le rêve de franchir la barre des 800 000 tonnes. On peut décemment se demander s’il y parviendra en réduisant ses superficies transgéniques et surtout, s’il gardera longtemps sa position de numéro un, quand on connaît les ambitions de son voisin éburnéen dont la production a actuellement le vent en poupe. Déjà premier en Afrique sur le cacao et l’anacarde, entre autres, Abidjan ne dédaignerait pas une autre couronne agricole.
Aaron Akinocho
Meknès, Maroc.