(Agence Ecofin) - Hier, l’agence de communication britannique Bell Pottinger a été exclue de l'Association professionnelle britannique du secteur des relations publiques (PRCA). Cette décision intervient, quelques heures, après la démission de James Henderson (photo), le PDG de Bell Pottinger. Elle fait suite au tollé déclenché par une campagne de l’agence de communication réalisée en Afrique du Sud pour le compte de la famille Gupta, des industriels indiens controversés accusés d’influencer les décisions du président Jacob Zuma.
En effet, Bell Pottinger avait réalisé pour le compte d’Oakbay Investment, la holding de la famille Gupta, une campagne visant à focaliser l’attention de l’opinion publique sud-africaine sur un apartheid économique qui se manifestait dans le pays par un « monopole économique blanc ». Cette campagne, ayant surtout pour but de détourner l’attention du public des affaires douteuses des industriels indiens, mises sous les feux des projecteurs, ces derniers mois, a été accueillie avec dégoût par la majeure partie des personnalités publiques sud-africaines qui y ont vu une tentative d’attiser les clivages raciaux.
La vague d’indignation s’est muée en véritable levée de boucliers lorsque des lanceurs d’alertes ont confié à des journalistes d’investigation près de 200 000 emails et documents prouvant que si « mainmise sur l’Etat », il y avait, elle était orchestrée par les Gupta.
Aux dernières nouvelles, les principales banques du pays ont fermé les comptes entreprise des Gupta et ces derniers ont déjà cédé leurs parts dans les médias sud-africains qu’ils contrôlent. Mais on assiste surtout à un véritable lynchage médiatique de l’agence de communication Bell Pottinger. Celle-ci, jamais très éloignée de la polémique, avait déjà défendu les intérêts de personnes physiques et morales controversées comme la première dame syrienne Asma al-Assad ou encore la Fondation Pinochet, du nom de l’ancien président chilien.
Malgré les nombreuses excuses de Bell Pottinger qui reconnait un comportement « inapproprié », l’image de la société a été durablement écornée par ce scandale.
« Les dommages en matière de réputation pour Bell Pottinger sont énormes. Dans 5 ans, si l’agence veut à nouveau rejoindre notre association, nous examinerons sa demande avec encore plus de rigueur que par le passé », a déclaré Francis Ingham, le directeur général de la PRCA.
Vu la tournure des évènements, Bell Pottinger semble proche de son chant de cygne. L’entreprise Chime Communication ltd, deuxième plus grand actionnaire de Bell Pottinger, est sorti, il y a quelques heures, du capital de l’agence de communication. De nombreux clients, dont la banque HSBC, quittent déjà le navire. Bloomsburry, la maison d’édition du best-seller Harry Potter, se préparerait également à quitter Bell Pottinger.
Servan Ahougnon
Palais du Pharo, Marseille, France - Explorer, Investir, Réussir.