(Agence Ecofin) - Le groupe suisse Trafigura a tiré à boulets rouges, dans un rapport publié le 23 mars, sur la future directive européenne sur les marchés d’instruments financiers (MiFID II) qui impose le statut de banque aux entreprises de négoce de matières premières.
Dans ce rapport publié en collaboration avec Craig Pirrong (photo), professeur à l’Université de Houston aux Etats-Unis, le géant du courtage pétrolier estime que cette législation, qui devrait être adoptée dans les prochains mois par les autorités européennes, allait imposer de trop lourdes contraintes au secteur des matières premières, sans toutefois réduire les aléas financiers y relatifs.
«Même si les courtiers en matières premières ont recours à des produits dérivés pour couvrir leurs achats et leurs ventes, ils ne représentent pas un risque systémique», souligne le groupe basé à Lucerne dans son rapport.
Selon le quotidien britannique Financial Times, qui a consulté le brouillon de la directive MiFID II, Bruxelles compte soumettre les traders aux mêmes exigences légales en termes de capital détenu.
«Les mesures envisagées par le régulateur européen ne feront qu’augmenter nos coûts d’exploitation, sans régler le problème de la protection des investisseurs», indique Craig Pirrong.
Selon lui, l’Union européenne a une mauvaise compréhension du secteur des matières premières et réfléchit trop en termes bancaires. «Les négociants n’ont pas accès aux banques centrales pour se conformer aux nouveaux standards de liquidités», précise-t-il, au nom de Trafigura.
Le chercheur estime, par ailleurs, que la nouvelle directive européenne «va saper la compétitivité du marché européen», tout indiquant que Bruxelles chercherait à travers la MiFID II à « contraindre les plus petites entreprises de négoce à lever artificiellement du capital, les forçant à entrer en bourse».
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