(Agence Ecofin) - Le cabinet de conseil Oliver Wyman a souligné dans un rapport publié tout récemment que plusieurs négociants indépendants de matières premières risquent de ne pas survivre à la concurrence qui caractérise ce marché très liquide. «Il ne restera bientôt que deux ou trois acteurs indépendants par classe d’actifs en raison d’un environnement de plus en plus féroce», prédit le cabinet, indiquant que les traders spécialisés dans une seule matière première vont également se faire plus rares.
Les marchés du négoce des métaux, des minéraux et des matières premières agricoles sont déjà relativement concentrés puisqu’on compte de trois à cinq sociétés d’envergure. Cargill, ADM, Louis Dreyfus Commodities et Bunge dominent par exemple l’agrobusiness mondial, avec plus de 350 milliards de dollars de chiffre d’affaires combiné l’an passé.
Le négoce mondial du pétrole et du gaz reste, cependant, très fragmenté. Il compte encore plus d’une vingtaine d’acteurs significatifs. La concurrence est venue non pas des consommateurs mais des producteurs, majors et compagnies pétrolières nationales en tête, qui souhaitent tirer avantage de leur production.
Pour tenter de préserver leurs marges, les grandes maisons de négoce ont entamé il y a deux-trois ans une course au gigantisme et à la diversification, qui s’est poursuivie cette année.
Le cabinet Oliver Wyman cite notamment l’exemple de Vitol. Le premier trader de pétrole au monde – 307 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2013 – a dépensé plusieurs milliards de dollars depuis 2011 pour s’emparer des actifs de Shell : 870 stations-service ainsi qu’une raffinerie en Australie, et 1400 stations-service et 900 000 mètres cubes de stockage à travers l’Afrique.
Le suisse Mercuria a, lui, mis la main sur les actifs physiques de matières premières de JP Morgan.
Outre la concurrence exacerbée qui rogne leurs marges, les traders indépendants doivent s’adapter à des marchés plus transparents et plus liquides. «Certaines matières premières qui se négociaient de façon très rentable s’apprêtent à sortir de la zone idéale», explique Oliver Wyman. Sur les cinq dernières années, les marges gagnées sur le trading du charbon thermique ont par exemple chuté de 40% en moyenne.
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