(Agence Ecofin) - BNP Paribas a annoncé, le 27 août, avoir placé 131,6 millions de dollars de prêts liés au commerce des matières premières, à travers une opération de titrisation. « Cette opération est une première mondiale dans les matières premières », revendique la banque française.
La titrisation est en effet principalement utilisée dans les crédits hypothécaires, à la consommation et automobile. Elle consiste pour une banque à céder un portefeuille de prêts à une structure dédiée qui l’achète en sollicitant le marché obligataire et qui rembourse ses créanciers au fur et à mesure que ces prêts sont remboursés.
L’opération permet à la banque de sortir ces prêts de son bilan, ce qui facilite le respect des normes prudentielles, surtout lorsqu’il s’agit d’une activité gourmande en capitaux comme le financement du négoce des matières premières.
BNP Paribas précise cependant que l’objectif de cette opération de titrisation sur les matières premières n’est pas de sortir de ces prêts de son bilan. «Il ne s'agit pas de réduire la taille de notre bilan. La capacité bilancielle des banques est limitée et les besoins de financement des secteurs de l'énergie et des hydrocarbures progressent structurellement.», se défend Gabriel Vaduva, responsable adjoint du financement de l'énergie et des matières premières à BNP Paribas Suisse. Selon lui, «l'opération contribuera à la diversification de les sources de financement de la banque et à gérer son bilan plus activement».
En l'occurrence, les 132 millions de dollars de prêts sont constitués de créances clients à intérêt et de lignes de crédit accordées à des courtiers. Logées dans un véhicule ad-hoc baptisé Lighthouse Trade Finance Issuer I Ltd, les obligations adossées à ces prêts se composent surtout d'une tranche prioritaire («senior A») de 100 millions, notée AAA, vendue à un investisseur institutionnel. BNP Paribas conserve une tranche B de 20 millions, tandis qu'un fonds géré par Lord Capital (société de gestion ayant servi de controlling party dans la transaction) acquiert une tranche subordonnée de 5 millions. Enfin, pour assurer un certain alignement d'intérêt, BNP Paribas conservera également dans son bilan un intérêt économique de 5% de la transaction, soit 6,6 millions de dollars, sous la forme d'une tranche obligataire «verticale» reprenant l'ensemble de la structure de l'opération.
Vouée aux gémonies depuis le début de la crise financière en 2007, la titrisation apparaît de nouveau comme une voie de recours pour les banquiers. BNP Paribas avait envisagé de titriser ses financements de matières premières dès 2011, mettant en avant le faible taux de défaut des courtiers en matières premières et donc des prêts qui les financent. Le groupe bancaire tricolore avait rendu public le projet en 2012. Mais la crise de liquidité de l'été 2011 avait asséché les disponibilités de financement du marché des matières premières.
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