(Agence Ecofin) - En Tunisie, le parit Ennahdha est en campagne pour reprendre le pouvoir. Les élections législatives ont lieu le 26 octobre prochain. Le premier tour de la présidentielle est prévu le 23 novembre. Depuis la révolution de 2011 qui a conduit à la chute du régime de Ben Ali, les Tunisiens n’ont plus choisi leur président au suffrage universel direct. L’actuel chef de l’Etat, Moncef Marzouki, a été élu fin 2011 par les députés de la Constituante grâce à un accord de coalition passé avec Ennahdha. Cette fois-ci, le parti islamiste risque gros et ne lésine pas sur les moyens, au point de susciter la controverse. Primo, Ennahdha est accusé d’avoir plagié le spot de campagne d’un autre parti politique tunisien, puis celui du président turque, Recep Tayyip Erdogan. Une autre fois, le parti islamiste se dispute avec une autre formation sur la paternité d’un logo. Puis le parti utilise l’image d’une personnalité médiatique française qui proteste. Ensuite, Ennahdha innove en filmant un de ses meetings avec un drone, avion davantage utilisé pour des opérations militaires. Enfin, toujours soucieux d’assurer le meilleur pour leur communication, les islamistes ont engagé l’agence américaine Burson-Marsteller, spécialiste mondial des relations publiques et du lobbying politique.
Revue de détail :
A propos de plagiat, Ennahdha a dû admettre l’erreur qu’il a commise en publiant dans son document de campagne la photo du célèbre animateur français de télévision Chistian Morin. Celui-ci s’est plaint de voir son image ainsi associée, sans son avis, à un parti avec lequel il n’a aucune accointance. Passé cet épisode, il y a eu celui de la brouille avec le Mouvement des jeunes patriotes tunisiens (Mjpt) qui dit avoir été le premier à utiliser le signe « J’aime » (la main avec le pouce dirigé par le haut) comme logo distinctif de campagne électorale pour les législatives. Le parti au pouvoir a repris le signe, expliquant que celui-ci a été créé par Facebook et peut être utilisé par tout le monde.
On en était encore là qu’Ennahdha a été à nouveau accusé d’avoir copié deux spots de campagne. D’abord celui du chef de l’Etat turc. Certes les observateurs reconnaissent la proximité entre le parti tunisien et le PKK du président Erdogan, mais ces mêmes observateurs n’y voient pas moins un plagiat. Ensuite, il y a les plaintes du parti Afek Tounes qui crie à la reproduction de sa vidéo de campagne pour les législatives. Ennahdha est une fois de plus pointé du doigt.
Dans l’histoire de la Tunisie, les islamistes sont bien les premiers et les seuls à avoir utilisé un drone pour filmer un meeting. Sauf que cela a encore posé problème. En effet, Ennahdha a violé la réglementation. Le porte-parole du gouvernement, Nidhal Ouerfelli, a déclaré dans un communiqué que le parti n’a reçu aucune autorisation pour filmer ses meetings électoraux à partir de drones. L’initiative était pourtant belle. Les images faites à partir du ciel constituent une innovation en matière de communication. Ennahdha a voulu donner une idée plus réelle de son poids et de sa popularité. L’image est moins trompeuse que les classiques « plans serrés » qui peuvent laisser faussement penser que les meetings sont archicombles.
Le parti au pouvoir est une fois de plus sur le banc des accusés après la signature d’un contrat avec l’agence américaine Burson-Marsteller. Elle a 45 jours pour refaire l’image d’Ennahdha dans les pays occidentaux où beaucoup voient encore en ce parti une organisation terroriste. Le montant du contrat demeure secret, même si les médias ont annoncé la somme de 18 millions $, non sans soupçonner le vice que pourrait cacher cette absence de transparence. Le débat porte aussi sur ce partenariat que beaucoup en Tunisie et à l’étranger trouvent curieux, car il s’agit bien du mariage entre des islamistes et une entreprise américaine. Burson-Marsteller a vite fait de rassurer en brandissant l’enregistrement du contrat auprès du gouvernement américain, comme une caution morale. Ennahdha lui-même n’est pas exempt de critique, pour avoir confié sa comm à une agence qui a géré de gros scandales et controverses ces 20 dernières années. Il y a eu la « guerre sale » en Argentine, la guerre du Biafra au Nigéria, la question du Timor Oriental en Indonésie et même la propagande du dictateur Nicolae Ceausescu en Roumanie.
La propagande d’Ennahdha réunit à elle toute seule les ingrédients pour donner du piment à la campagne électorale qui se déroule en Tunisie.
Assongmo Necdem
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