(Agence Ecofin) - Les banques angolaises en appellent au gouvernement afin qu’il participe à la mise en place d’un plan de sauvetage. La manœuvre devrait permettre de protéger les déposants et préserver le système d’un ébranlement face aux effets de la chute des cours du pétrole qui a affecté presque toutes les rentrées de devises extérieures du pays.
Cette assistance pourrait venir directement de l’administration du président José Eduardo Dos Santos et être partagée par l’ensemble des 28 acteurs du secteur.
«Les banques devraient être aidées car elles connaissent un problème de liquidités qui peuvent avoir un impact négatif sur tout le système et mettre sa crédibilité à l’épreuve» a indiqué Amilcar Silva (photo), Président de l’association des banques angolaises.
Le mouvement baissier entamé par les cours du pétrole au milieu de l’année 2014 a frappé de plein fouet l’industrie bancaire, causant une montée en flèche de la mauvaise dette et un ralentissement des affaires. Les sources d’approvisionnement en dollars se sont vites taries suite au retrait des banques étrangères du circuit de fourniture de billets verts au pays. La faible conformité du pays avec les normes en matière de blanchiment d’argent et le niveau endémique de la corruption (selon Transparency International l’Angola fait partie des 20 pays les plus corrompus de la planète) n’ayant pas contribué à les retenir.
Selon les données citées par Bloomberg, les crédits à risque ont triplé par rapport à leur niveau de 2010 et représentent désormais 15% des prêts des banques angolaises. Les devises extérieures ne représentent plus qu’un tiers des dépôts bancaires contre la moitié en 2012. La plupart des banques ont réinvesti leurs profits/bénéfices dans les prêts aux déposants et les transactions relatives aux devises. Et si les recettes des banques devraient légèrement progresser en 2016, c’est plus en raison de la banque centrale qui a relevé par trois fois son taux directeur qui est désormais de 16%, que grâce à leurs performances. Le rendement sur capitaux propres du secteur, qui est de moins de 16% est largement inférieur à son niveau de 2010 (32%).
En 2015 déjà, la banque centrale du pays avait tiré la sonnette d’alarme sur la situation des banques angolaises. Selon son rapport de stabilité de cette année-là, moins de la moitié de ces établissements aurait surmonté un test de résistance exigeant d’elles de détenir 10% de réserves de capitaux au cas où l’évaluation de leur portefeuille de crédit était réduite de deux crans sur une échelle de sept niveaux de risques. L’adaptation au risque aurait fait passer le secteur bancaire d’un bénéfice annuel de 141,3 milliards de kwanzas (848 millions $) en 2015 à une perte de 412,7 milliards de kwanzas tandis que leur ratio de solvabilité passerait de 11,7% à 19,8% révèle Bloomberg qui reprend le média angolais Expansao. Trois des banques n’auraient pas eu les liquidités nécessaires pour satisfaire une demande de retrait de la moitié des dépôts de leurs épargnants.
Conscient des difficultés structurelles qu’elles rencontrent les banques ont mis en place un groupe d’experts chargé d’améliorer leur conformité avec les règles internationales et les bonnes pratiques.
Aaron Akinocho
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