(Agence Ecofin) - A travers KCB Capital, sa filiale récemment agréée et qui est totalement focalisée sur les investissements, le groupe bancaire Kenya Commercial Bank, un des plus important du Kenya et d'Afrique de l'Est, envisage d'introduire sur le Nairobi Securities Exchange (marché financier kényan), des titres adossés sur les créances hypothécaires, a-t-on appris de sources médiatiques.
Selon Joshua Oigara, le directeur général de KCB, dans les faits, la filiale investissement de son groupe achètera des prêts hypothécaires auprès de S&L, une autre filiale de Kenya Commercial Bank qui est chargée d'offrir ce type de services, et les introduira en bourse où ils seront négociés comme tout autre actif boursier, notamment les actions, les obligations et les fonds d'investissement ouverts.
Le produit des placements des premiers titres permettra de racheter de nouveau titres adossés sur des créances hypothécaires, jusqu'à constituer un portefeuille suffisamment important de ces valeurs. Pour ce qui est de la rémunération, lorsqu'un créancier effectuera le paiement d'un intérêt sur son prêt immobilier à S&L, ce dernier retiendra ses frais et passera le reste à Kenya Commercial Bank Capital qui retiendra à son tour ses frais avant de passer le reste aux investisseurs qui y auront fait des placements.
Le système semble bien huilé, et pourtant, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur les chances de réussite de l'initiative, dans un marché du prêt immobilier qui compte à peine 20 000 clients, et qui est partagé avec Housing Finance, dont l'activité repose complètement sur l'octroi des prêts immobiliers, et qui est aussi présent sur la bourse de Nairobi, mais avec ses actions.
Face à cette question de l'étroitesse du marché, M. Oigara explique que grâce au soutien obtenu auprès de la Banque africaine de développement, son groupe pourra accroitre son potentiel d'octroi des prêts hypothécaires, sans impacter sur ses fondamentaux. KCB devrait aussi à moyen terme, mobiliser 200 millions $ supplémentaires dans le même but. D'un autre côté, dans un contexte différent, on a appris que Housing Finance prévoit lui aussi d'améliorer sa capacité de prêts, à travers une offre publique de vente qui lui permettra dès le début de l'année 2015, de lever 222,2 millions $
Potentiellement, l'affaire semble juteuse et ouvrira de nouvelles poches d'investissements si jamais le principe est validé par les autorités en charge de la régulation du marché financier kényan. Selon des études conduites par la Banque mondiale, les besoins en logements au Kenya se chiffrent à près de 210 000 unités par ans, très loin devant les 50 000 unités annuelles offertes actuellement.
On peut aussi relever, que dans la plus part des marchés financiers africains actifs, notamment Johannesburg, Casablanca, Nigéria, ou encore Égypte, les investisseurs montrent un intérêt particulier pour les actifs immobiliers, ou en rapport avec le secteur. La grande question est de savoir pour ce qui est du Kenya, jusqu'où pourra vivre cette nouvelle possibilité d'investissement.
Avec un taux de rendement situé en moyenne à 12,5% et un potentiel de croissance considérable, ces titres seront un placement sérieux, mais on ne peut s'empêcher de se souvenir, que ce type de produits financiers mal encadrés, ont été à la base de l'une des plus grosses crises financières que le monde a connue depuis la dépression de 1929, a savoir la crise des subprimes de 2008-2011. Les mesures de sauvegarde visant à mitiger ces différents risques, seront intéressant à suivre.
Idriss Linge
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