A Zürich, les dirigeants du Crédit Suisse ont proposé de réduire de 40% leurs différents bonus. Cette décision intervient dans un contexte où des cabinets de conseil aux actionnaires ont recommandé à leurs clients de s’opposer aux rémunérations proposées par l’exécutif lors de l’assemblée générale de la compagnie qui se tiendra le 28 avril.
Ces cabinets estiment que la rémunération que propose l’exécutif, 73 millions d’euros, n’est pas en adéquation avec la réalité que connaît la compagnie. Celle-ci vient en effet d’accumuler deux exercices dans le rouge avec des pertes de 3 milliards de francs suisses en 2015 et 2,7 milliards de francs suisses en 2016, explique le quotidien Les Echos. Dans un tel contexte, la décision de l’équipe dirigeante apparaît comme une volonté d’apaiser les tensions. Ainsi que l’explique le directeur général de la banque, l’Ivoirien Tidjane Thiam, dans une lettre aux actionnaires, «j'espère que cette décision apaisera certaines des inquiétudes exprimées par une partie des actionnaires et permettra à la direction de continuer à se concentrer sur le travail en cours».
S’exprimant également sur ces efforts, il a tenu à souligner que la compagnie est parvenue à réduire ses coûts de 1,9 milliard de francs suisses, ce qui est supérieur aux objectifs initiaux de la banque. « Même si ces progrès ne se reflètent pas encore dans le cours de Bourse, je suis confiant que notre stratégie et sa mise en œuvre disciplinée créeront de la valeur pour vous, nos actionnaires », a poursuivi l’ex-patron de l’assureur britannique Prudential.
Arrivé au Crédit Suisse en juillet 2015 pour restructurer une institution qui tanguait, Tidjane Thiam s’est donné pour objectif de supprimer 6000 emplois (un peu plus d’un emploi sur 10) et de réaliser 4 milliards de $ d’économies à l’horizon 2018. En dépit d’un contexte peu favorable (Brexit, élection de Donald Trump, montée des extrêmes, etc), il a enregistré certaines victoires à l’image d’un second trimestre 2016 marqué par un bénéfice net de 170 millions de francs suisses. La question qui se pose désormais est de savoir si ce «Jésus ivoirien» parviendra à réussir le tour de force de relever une des plus grandes banques helvètes ou s’il connaîtra le destin de son pendant palestinien : finir à la croix.
Aaron Akinocho
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.