(Agence Ecofin) - A l'occasion d'une rencontre avec les acteurs du secteur bancaire tanzanien, Benno Ndulu (photo), le gouverneur de la banque centrale de Tanzanie, a invité les banques commerciales à abaisser les taux d’intérêt sur les crédits qu’elles accordent à l'économie. L'institution souhaite créer un effet de transmission, sur sa dernière décision de politique monétaire qui, pour la première fois depuis 2013, a abaissé son principal taux directeur, qui est passé depuis le 6 mars, de 16% à 12%.
Les autorités tanzaniennes espèrent que la croissance des crédits accordés à l'économie par les banques tanzaniennes redeviendra plus vigoureuse. Selon les données publiées sur le site internet de la Bank of Tanzania (banque centrale), le volume des prêts à la clientèle a progressé de seulement 2,5% à la fin 2016, contre 28,6% en 2015. Au terme du mois de janvier 2017, les crédits additionnels accordés par les banques commerciales tanzaniennes au secteur privé, ont été de seulement 807,8 millions de shillings, contre 3,17 milliards de shillings en 2016.
Il n'est cependant pas certain que cette exhortation de M. Ndulu soit suivie, en l’absence d’incitations réelles. Le secteur est déjà très compétitif, avec environ 56 licences bancaires exploitées sur le marché tanzanien. En 2016, le déficit de liquidités, provoqué par la diminution des réserves de change, a été aggravé par la décision de l'Etat de retirer aux banques commerciales les dépôts de l'administration centrale et des structures paraétatiques, déséquilibrant la structure bilancielle de ces établissements de crédit.
La situation a poussé certaines banques à se refinancer sur le marché local ou international des capitaux, parfois à des coûts assez importants. Il faut y ajouter la baisse des demandes de crédit par les institutions publiques, et des opportunités limitées de financement dans l'économie réelle. Ainsi, malgré un recul très faible de la rémunération des dépôts de la clientèle, les marges d'intérêts se hissent à seulement 3,3% contre 3% en 2016. Des experts craignent dans ce contexte une dégradation de la profitabilité pour ces institutions financières durant l'exercice 2017.
Idriss Linge
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