(Agence Ecofin) - Barclays Bank Kenya a annoncé que ses performances financières de l'exercice en cours seront sombres. Elle anticipe sur un recul de 15% à 25% de son produit net bancaire. La filiale du groupe Barclays Africa explique que cette situation est le fait de l'entrée en vigueur de la loi, qui fixe un plancher de rémunération des dépôts et un plafond de perception des intérêts sur les prêts accordés aux clients.
Cette annonce intervient, alors que l'ensemble des banques kényanes vient d'expérimenter la loi sur la limitation des taux sur une période de 12 mois, ce qui leur permet d'avoir une perception des effets qui en ont découlé. L'annonce de Barclays intervient quelques jours après celle de Kenya Commercial Bank, qui indiquait, que son produit net bancaire devrait baisser de 1%, impactant de 4% le rendement sur les fonds propres.
« Le défi majeur consiste à équilibrer et à se diversifier dans d'autres flux tels que la bancassurance et la bourse de valeurs», a déclaré Yusuf Omari, le directeur financier de l'établissement, à l'occasion d'une rencontre le 2 mai avec des investisseurs. Barclays Kenya a eu des revenus de 37,4 milliards de shillings ( 362,7 millions $) au terme de l'année 2016, pour un résultat net après impôts de 7,2 milliards de shillings, en baisse de 12% comparé à celui de 2015.
Plus globalement, 2017 sera une année de défis pour les banques opérant au Kenya, à l’exception peut-être de celles qui ont des activités dans d’autres pays de l’Afrique de l’est. Leurs décisions de limiter les crédits accordés à l’économie en raison des niveaux de rendement jugés inadéquats, laisse de la place au Mobile Money qui évolue chaque jour, avec des services taillés sur mesure pour de millions de personnes.
Des observateurs estiment que ce niveau de saturation du marché risque d’entraîner une cascade de fusions-acquisitions. Mais pour d’autres, les banques doivent résolument se tourner vers l’innovation et offrir une autre façon de faire de la banque. Dans cette logique, la digitalisation se présente comme une opportunité. Toutefois elle nécessite de gros investissement et occasione des réductions d’effectifs.
Les autorités kényanes restent convaincues que faire passer la loi sur la limitation des taux était une bonne chose du point de vue de l’inclusion financière. Mais jusqu’ici, le gouvernement est le seul à avoir réellement bénéficié de ces taux bas. Cela lui a d’ailleurs permis d’exploser ses objectifs d’emprunts sur le marché local des capitaux, au cours de l’exercice fiscal 2016/2017 qui s’achève bientôt.
Idriss Linge
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