(Agence Ecofin) - Un mauvais vent souffle à nouveau à la SABC, le groupe audiovisuel public. Le directeur général par intérim, Jimi Matthews, a démissionné ce 27 juin 2016, expliquant qu’il refuse d’être « complice » des décisions qu’il désapprouve. En effet, 3 journalistes ont été sanctionnés la semaine dernière pour avoir contesté la décision de l’entreprise de ne plus couvrir les manifestations violentes. Une mesure qui a d’ailleurs suscité un mouvement de protestation initié dans plusieurs villes du pays par l’organisation Right2Know (R2K).
Plusieurs médias sud-africains ont annoncé que les journalistes sanctionnés vont saisir la Cour constitutionnelle contre le directeur des opérations de la SABC, Hlaudi Motsoeneng (photo). Ces employés sanctionnés lui auraient déjà adressé une lettre qui décrit le climat de terreur dans les salles de rédaction de la SABC. Ils auraient même demandé à rencontrer le directeur des opérations.
Tous ces évènements laissent croire que la crise continuait de couver à la SABC. Depuis 2009, le groupe audiovisuel public a connu 9 directeurs généraux qui ont pour la plupart fini par démissionner. L’actuel titulaire du poste, Frans Matlala, suspendu depuis le 18 novembre 2016, avait été nommé 4 mois auparavant, après une vacance d’une année et demie. Durant cette période, le conseil d’administration était paralysé après la démission de la présidente de cet organe ainsi que de plusieurs membres.
A chaque crise à la SABC, les tensions se cristallisent autour du directeur des opérations, Hlaudi Motsoeneng. Celui-ci, appuyé par la ministre de la Communication qui assure la tutelle de la SABC, est considéré comme le véritable patron de l’entreprise. Il vient notamment de s’octroyer le droit de décider de la politique éditoriale du groupe qui compte 18 stations de radio et 5 chaînes de télévision, et est l’initiateur de l’interdiction objet de la crise actuelle.
Dans sa lettre de démission, le directeur général par intérim, Jimi Matthews, explique qu’il n’est pas fier des nombreuses décisions qui ont été prises. Il dit avoir compromis des valeurs chères, se croyant capable d’être plus efficace à l’intérieur de la SABC. Il avoue que « l’atmosphère corrosive » a impacté négativement son « jugement moral ».
Assongmo Necdem
Lire aussi:
05/06/2015 - « Il n’y a pas de crise à la SABC » selon le ministre de la Communication, et pourtant…
02/07/2015 - Afrique du Sud : un nouveau Pdg à la SABC, le 9eme en 6 ans !
20/11/2015 - Afrique du Sud : le Pdg de la SABC a été suspendu 4 mois après sa nomination
30/05/2016 - Afrique du Sud : la SABC ne diffusera plus les manifestations publiques violentes
Palais du Pharo, Marseille, France - Explorer, Investir, Réussir.