(Agence Ecofin) - Les médias africains semblent bien loin du débat qui a cours sur la diffusion des vidéos du meurtre des 2 journalistes dans la matinée du 26 août 2015 aux Etats-Unis. Les chaînes de télévision et les plateformes Internet du continent ont pour l’essentiel repris le contenu des médias occidentaux. Ceux-ci n’ont guère traité l’information de la même manière, avec en toile de fond la question de savoir s’il faut diffuser ou non les images de la tuerie ; des images dont le caractère choquant semble faire l’unanimité.
Aux Etats-Unis, la chaîne de télévision CNN a choisi de diffuser toutes les heures la vidéo de la fusillade que le cameraman a pu tourner avant d’être atteint mortellement. La BBC, une autre chaîne, a préféré diffuser les images postées sur Internet par le tireur, Bryce Williams, notamment sur son compte Twitter. Mais le document n’est pas montré dans son intégralité.
En Grande Bretagne, la diffusion est également partielle sur la plupart des médias. La France est encore plus prudente. Des chaînes comme BFM Tv, iTélé et LCI se sont limité à des images fixes. Dans son journal, TF1 a donné l’information sans aucune image. Mais France 2 s’est montré un peu plus offensive en diffusant partiellement la vidéo tournée par le tueur. Le document s’arrête avant les coups de feu. Ce choix, comme tous les autres, est motivé par une seule préoccupation : trouver le juste équilibre entre attirer l’attention des gens sur cette horreur, et même marquer les esprits, sans pour autant traumatiser les âmes sensibles.
On se souvient qu’au lendemain des attaques terroristes au journal français Charlie Hebdo puis des attentats qui ont suivi à Paris, le chercheur camerounais Daniel Anicet Noah avait critiqué la surexposition de la violence dans les médias français. « Le prime time en France est d’une extrême violence », avait dit cet enseignant de journalisme et spécialiste des sciences de l’information et de la communication, interviewé par l’Agence Ecofin.
Les médias français avaient d’ailleurs été condamnés par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (Csa) qui relevait 36 manquements à certains principes comme celui du « respect de la dignité de la personne humaine ». Parmi les fautes, il y avait « la diffusion d’images issues de la vidéo montrant le policier abattu par les terroristes » ou encore « la diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours ». Le Csa avait d’ailleurs adressé 15 mises en garde et 21 mises en demeure à des chaînes de télévision et stations de radio en France.
Pourtant, il demeure difficile, voire impossible, de se prémunir de la violence sur Internet. Plus de 24h après la tuerie aux Etats-Unis, l’on peut encore revivre à l’infini les scènes effroyables du meurtre. Les vidéos ont été postées sur Twitter, YouTube et autres. La fonction d’autoplay (en boucle) permet aux médias sociaux de multiplier les vues et donc de décupler leur audience. Quoi de mieux pour attirer les annonceurs.
Assongmo Necdem
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