Cameron demande aux pays du Commonwealth de respecter les droits des homosexuels

  • Date de création: 12 novembre 2011 19:47

(Clémence Flaux) - Le premier ministre britannique a réitéré, dimanche 30 octobre, à l’issue d’un sommet du Commonwealth, la menace de couper les aides provenant de la monarchie aux Etats ne respectant pas les droits des homosexuels, c’est-à-dire encore 41 membres sur 54. Les pays d’Afrique subsaharienne, tels que le Ghana ou l’Ouganda, sont particulièrement concernés, eu égard à leur législation stricte contre l’homosexualité.

« Le Royaume Uni est un des premiers donateurs dans le monde. Nous voulons que les pays qui reçoivent notre aide adhèrent aux droits humains » a déclaré David Cameron. « L'aide britannique devrait être davantage liée à la façon dont les pays se comportent, s'ils persécutent les gens pour leur foi ou leur croyances ou leur sexualité. Nous considérons que c'est inacceptable», a ajouté le Premier ministre.

Ce n’est pas la première fois que la Grande Bretagne somme ses anciennes colonies de respecter les droits des homosexuels sous peine de privation d’aide. Elle avait déjà privé le Malawi, l’an dernier, d’une aide de 19 millions de livres suite à la condamnation à quatorze ans de travaux forcés de deux gays, finalement graciés (photo).

Depuis la nouvelle déclaration du Premier ministre, de vives réactions fusent en Afrique, dénonçant une « permanence de la mentalité coloniale » venant des Etats visés par la pétition de la LGBT (Lesbian, Gay, Bisexual and Transgendered People), considérant la démarche comme « maladroite et contreproductive ».

Le président du Ghana, John Atta-Mills a répondu, mercredi 2 novembre, à la déclaration anglaise en affirmant qu’il ne légaliserait jamais l’homosexualité au nom de « normes sociétales » différentes des normes britanniques. « Personne ne peut s'opposer au droit de M. Cameron de faire des lois, de prendre des initiatives ou de faire des déclarations qui reflètent ses normes sociales et ses idéaux, mais il n'a pas le droit de dicter à d'autres nations souveraines ce qu'elles doivent faire, en particulier si leurs normes sociales et leurs idéaux sont différents de ceux qui existent dans la société du Premier ministre », a-t-il affirmé.

Les réponses sont également virulentes du côté du Zanzibar et le la Tanzanie. Le Dr Ali Mohammed Shein, président de Zanzibar, l'archipel semi-autonome de la Tanzanie au sein de laquelle l’homosexualité est un crime, a déclaré au sujet du mariage homosexuel qu’il ne choisirait « jamais cette option ». « Ils peuvent arrêter l'aide s'ils veulent » a-t-il ajouté.

Bernard Membe, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la Tanzanie a déclaré que leur « position sur le sujet est très claire ». « Nos valeurs morales et notre culture prendront toujours le dessus même si nous restons pauvres. Nous comprenons le problème du parti conservateur de la Grande-Bretagne mais nous ne cèderont pas aux pressions.» précise-t-il.

« Ce n'est pas possible que nous légalisions le mariage homosexuel puisqu'il va à l'encontre de notre culture », a déclaré à la presse le vice-ministre de la Sierra Léone, Sheka Tarawallie.

Le Nigéria, indépendant financièrement grâce à ses richesses pétrolières, a maintenu son projet de loi visant à criminaliser le mariage de personnes de même sexe avec une peine allant jusqu’à cinq ans. Tout en sachant que l’homosexualité y est d’ores et déjà punie jusqu’à la peine capitale dans certaines régions.

Certains membres de l’association militante LGBT (Lesbian, Gay, Bisexual and Transgendered People ) et des militants des droits de l’homme s’inquiètent quant à eux d’une contre-productivité de la menace et d’une plus forte stigmatisation des homosexuels. De même l’association a souligné que les lois homophobes avaient originellement été « imposées par les colons » à ces Etats et que le Royaume Uni devrait certainement s’en excuser.

Une déclaration du premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai a pourtant surpris en octobre dernier. Celui-ci a plaidé pour garantir des droits aux homosexuels dans un nouveau projet de Constitution, alors même que l’année passée, il se plaçait comme fervent opposant à l’homosexualité. D’ailleurs, il n’est pour l’heure pas question au Zimbabwe que les homosexuels puissent se montrer librement, un porte-parole du Président ayant précisé qu’ils devraient « faire leurs choses en privé ».